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À Tours, Nestlé met le café à l’heure du changement climatique

Bron: www.lecho.be
Belgique: 2023-06-03 02:10:23 , Lecho.be Actualite

Au centre de recherche de Tours, les scientifiques de Nestlé cherchent les variétés d’arabica et de robusta qui s’adapteront le mieux au réchauffement climatique.

Des serres renfermant des dizaines de plants de café dont les chercheurs testent la résilience en modifiant divers paramètres (température, taux d’humidité, apport en eau…), des laboratoires permettant de développer de nouveaux plants à partir de quelques cellules: à Tours, le centre de recherche végétale de Nestlé s’efforce de donner au café les armes pour faire face au réchauffement climatique.

L’enjeu n’est pas mince. Boisson universelle s’il en est (on boit, sur le globe, 2,3 millions de tasses par… minute), le café est soumis à une pression de plus en plus forte. La montée des températures ne menace pas directement la survie de l’arabica et du robusta, les deux espèces les plus répandues. Mais leur production risque de se compliquer au fil du temps.

120

variétés

Outre l’arabica, le robusta et le liberica, une espèce surtout consommée en Asie, on dénombre 120 variétés différentes de café.

Premier acheteur mondial de café, Nestlé a dénombré trois pistes exploitables pour assurer l’avenir du café et des 125 millions de personnes qui gravitent autour (dont 80% vivent sous le seuil de pauvreté). Il s’agirait de faire remonter la production en altitude pour avoir plus de fraîcheur, modifier les pratiques agricoles, notamment par l’agriculture régénérative, et diversifier les variétés de café.

Il y a de quoi faire: outre l’arabica, le robusta et le liberica (1% de la consommation globale), une espèce surtout consommée en Asie, on dénombre 120 variétés différentes de café.

Diversité génétique

Le centre de recherche Nestlé de Tours s’est lancé dans la recherche de variétés plus résistantes aux aléas climatiques. On parle beaucoup, notamment, du café stenophylla, très résistant à la sécheresse. Les critères de sélection sont basés sur le rendement, sur la résistance aux maladies et sur la qualité.


“Nous recourons simplement à des technologies moléculaires pour identifier les menaces et la capacité de résistance des plantes.”

Fabrizio Arigoni

Directeur de la recherche sur les végétaux chez Nestlé

“Depuis 2017, nous avons pu produire des variétés d’arabica offrant 50% de rendement supplémentaire et 33% d’émissions en moins par rapport à des variétés de référence au Brésil et en Equateur”, explique Fabrizio Arigoni, directeur de la recherche sur les végétaux.

Mais l’enjeu premier, c’est sans doute la préservation de la diversité génétique du café. Le site tourangeau de Nestlé renferme entre 40.000 et 50.000 plants de nouvelles variétés dans une grande serre. “L’enjeu, c’est d’accroître le nombre de variétés d’arabica, dont la diversité génétique est relativement limitée. Nous n’utilisons que des technologies traditionnelles. Il n’y a pas d’OGM. Nous recourons simplement à des technologies moléculaires pour identifier les menaces et la capacité de résistance des plantes”, précise Fabrizio Arigoni.

Agriculture régénérative

Le responsable scientifique de Nestlé l’assure, la multinationale suisse ne tire aucun revenu du produit de ses recherches. Sa rétribution vient de la vente du produit fini. “Nos plants de café sont accessibles aux petits producteurs via les instituts de recherche avec lesquels nous collaborons”.


“Nous misons sur le fait que l’agriculture régénérative représentera 25% de la production de café en 2025 et 50% en 2030.”

Roos Bulder

Responsable Nescafé pour le Benelux

Chez Nestlé, on croit beaucoup aussi au deuxième angle d’attaque: l’agriculture régénérative, une pratique qui vise à améliorer la biodiversité des sols en minimisant les labours et en recouvrant au maximum les sols avec des plantes vivantes, et à y stocker le CO2. Pour favoriser l’essor de cette agriculture plus saine, Nestlé a lancé un plan “Nescafé 2030” prévoyant un investissement d’un milliard de francs suisses (1,03 milliard d’euros) d’ici à 2030.

“Nous misons sur le fait que l’agriculture régénérative représentera 25% de la production de café en 2025 et 50% en 2030”, indique Roos Bulder, responsable Nescafé pour le Benelux. Il s’agira, pour cela, de soutenir en particulier les petits exploitants, qui représentent 70% de la production mondiale de café.


Questions à Fabrizio Arigoni

Directeur de la recherche sur les végétaux chez Nestlé

Quel est le degré d’urgence de la situation?

Nous devrons envisager l’agriculture de manière très différente d’ici 20 ans, sans quoi on ira droit dans le mur. En tant qu’entreprise, nous avons un impact direct. Il y a beaucoup à faire pour doper la productivité des petites exploitations. C’est là que la recherche peut apporter quelque chose.

Quel est l’apport des variétés sauvages de café étudiées dans vos laboratoires?

C’est un réservoir génétique. Elles ont un tronc commun mais elles évoluent différemment l’une de l’autre. C’est intéressant pour les éleveurs parce qu’elles développent des mécanismes de résistance différents, liés à leurs origines géographiques.

La production future de café dépendra-t-elle de ces variétés sauvages?

Oui, en particulier pour l’arabica, qui a besoin de davantage de diversité. Il ne s’agit pas nécessairement d’espèces très exotiques. On sait que l’arabica est le fruit d’un croisement de variétés qui elles-mêmes sont diversifiées. Il suffit de reproduire ce que la nature a déjà fait.

Protégez-vous vos recherches par des brevets?

Pas systématiquement. Notre approche consiste à mettre ces matériaux à la disposition des petits producteurs. Les banques de données répertorient des plantes protégées par Nestlé. Mais ce sont des exceptions, appliquées pour deux motifs. Tout d’abord parce que dans certains pays, l’introduction d’une demande d’autorisation de distribution entraîne automatiquement une protection. Et dans d’autres cas très rares, nous développons spécifiquement des variétés pour nos activités propres et ne les distribuons pas à grande échelle. Si elles nous donnent un avantage concurrentiel, il peut arriver que nous nous protégions.


Le résumé

  • À Tours, le centre de recherche végétale de Nestlé s’efforce de donner au café les armes pour faire face au réchauffement climatique.
  • Nestlé a dénombré trois pistes exploitables: faire remonter la production en altitude, modifier les pratiques agricoles, notamment par l’agriculture régénérative, et diversifier les variétés de café.
  • L’enjeu premier, c’est sans doute la préservation de la diversité génétique du café.
  • Nestlé, qui mise aussi sur l’agriculture régénérative, a lancé un plan “Nescafé 2030”prévoyant un investissement d’un milliard de francs suisses d’ici à 2030.

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